Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

156 SOUVENIRS D’OCTAVE LEVAVASSEUR

Les sauvegardes, comme celle que je venais de rencontrer, étaient une sage précaution prise par les généraux commandant en chef pour faire respecter par l’armée française les lieux où elles étaient placées. Combien de fois m'est-il arrivé dans les guerres, à la sollicitation de mes hôtes, d'écrire sur une feuille de papier qu’on affichait à la porte ces mots : Sauvegarde par ordre du maréchal Ney. — Signé : O. Levavasseur. — Si cette carte était regardée comme non avenue par les officiers supérieurs du corps d'armée qui suivait, du moins produisait-elle son effet sur les masses de trainards et de militaires isolés, troupe la plus dévastatrice de toutes.

Je ne fis aucune mauvaise rencontre pendant le reste du chemin qui me restait à parcourir avant d'arriver auprès du maréchal N ey, à qui je rendis compte de ma mission. Je lui appris qu'aucun des trois officiers, qui m’avaient précédé vers Maurice Mathieu, n'avait paru près de ce général.

Le maréchal, inquiet du sort de Fontaine et de X.. (1), ordonna à l’aide de camp Regnard de prendre un régiment pour aller à la recherche de ces officiers, et c’est à son retour que nous apprîmes que Fontaine avait été tué à deux lieues de la Corogne par des paysans, auxquels il avait demandé son chemin.

(2) En blanc dans le texte original. Il s’agit sans doute d’un des deux aides de camp du général Lefebvre-Desnouettes, rattachés à l'état-major du maréchal Ney. (Note de l'éditeur.)