Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

1458 SOUVENIRS D’'OCTAVE LEVAVASSEUR

L’évêque seul vint au-devant du maréchal pour lui demander sa protection. Le maréchal Ney. m'ordonna d’escorter le prélat et de l'accompagner jusqu’au palais épiscopal, où je devais l’attendre, J’entrai dans les rues barrées par des murs construits pour la défense et ne laissant entre eux qu'un petit passage. Ma protection, au lieu de couvrir Monseigneur, lui valut quelques coups de fusil, car en tirant sur moi, on faillit le toucher : nous arrivâmes au palais, où le maréchal ne tarda pas à me rejoindre.

Les maisons étaient fermées, et, comme à Bilbao, on n’apercevait dans les rues aucun habitant. Nos troupes enfoncèrent les portes et se logèrent. Le maréchal me prescrivit de me rendre, avec son interprète, au bureau de la poste, pour y saisirtous les papiers et dépêches qui s'y trouvaient. Cette mesure était l’une des premières que l’on prenaiten s’emparant des villes. Un laquais de l’évêque nous conduisit à ce bureau, accompagné de deux hussards. J’entrai; la maison était remplie de caisses et de malles que je fis enfoncer les unes après les autres; elles ne contenaient que des vêtements et une grande quantité d’argenterie. « Il n’y a aucun papier, dis-je, laissons cela. » Je découvris enfin des dépêches que je fis emporter, et j'abandonnai la maison. On pense bien qu'il n’y eut aucun moyen de retenir l’avidité du soldat et on devine ce que put devenir cette ville où ne se montrait aucun habitant.