Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

GUERRE D'ESPAGNE EN 1808 ET 41809 159

Pendant ce temps, notre camarade Clouet se rendait à la bibliothèque, où il s'emparait des collections de médailles. Il les entassa dans des sacs, et ne sachant comment les transporter, il les chargea sur une forge d'artillerie. Deux mois après, comme il n’y pensait plus, il eut la chance de retrouver ses sacs à la place où il les avait déposés : les canonniers ignoraient certainement la valeur de cette prise.

Je ne fis réellement de butin que dans le port de Gijon où je fus envoyé; là, se trouvait un bâtiment chargé de quinquina, qui fut saisi; chacun put en prendre pour guérir ses fièvres présentes et à venir. La Romana avait disparu.

J'étais logé, à Oviedo, dans le palais épiscopal et je voyais quelquefois l’évêque. Comme tous les prélats de sonrang, ce personnage tenait le sceptre de sa province. Le peuple espagnol, formé à l’obéissance par les curés, professait pour le haut clergé la plus respectueuse vénération. Un grand nombre de prêtres français, que notre Révolution avait contraints de passer les Pyrénées, occupaient les plus belles cures : livrés à leurs propres sentiments, ces prêtres nous eussent été favorables ; mais, dominés par le sentiment national, ils étaient dans une position fausse entre leur ancienne et leur nouvelle patrie. Je fus plusieurs fois à même de faire cette observation dans nos haltes, où j'avais soin de prendre mon logement chez ces curés.