Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

172 SOUVENIRS D’OCTAVE LEVAVASSEUR

major du maréchal; je n’obtins ma démission que le 10 juillet.

La victoire de Wagram avait enfin cimenté à toujours, aux yeux des peuples peu clairvoyants, l'alliance de la France et de l’Autriche : une archiduchesse avait été jetée dans les bras de Napoléon.

J'assistai à la cérémonie du mariage qui fut célébré dans la grande galerie du Louvre, où se trouvaient six mille personnes, choisies dans l’élite de toutes les nations. Quel beau spectacle que celui de Napoléon traversant cette galerie, donnant la main à Marie-Louise et suivi des rois, des princes, des grands dignitaires de l'Empire et de toutes les puissances. Paris et la France étaient dans le ravissement.

Cependant les hommes sages, devenant cette fois superstitieux, se rappelaient les malheurs que les alliances avec la maison d'Autriche avaient attirés sur la France, et présageaient des calamités nouvelles. Au milieu de toutes les réjouissances publiques et privées, l'incendie de la salle de bal du prince de Schwarzenberg vint entretenir ces sombres pressentiments. Jamais Paris ne fut plus brillant que pendant les années 1810 et 1811 ; les grands de l’Europe et de notre armée affluaient dans la capitale, dans les bals des ministres et de la reine Hortense, ainsi qu'à celui de l'Opéra, car alors ce bal continuait à être fréquenté par cette haute société (1).

(1) On parlait beaucoup alors à Paris, dans les salons, des saillies Eurlesques de Mme la maréchale Lefebvre. Chaque fois