Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

186 SOUVENIRS D'OCTAVE LEVAVASSEUR

nations contre la nôtre. La bataille de Leïipsick coûta la vie à mon brave camarade Laboïssière.

Notre dernière ressource était anéantie; la consternation régnait. Partout, personne ne doutait de l’arrivée des Alliés et nous n’avions rien à leur opposer. La France, indifférente, pour ainsi dire, à tant de pertes, sentait que ce n’était plus pour elle ni pour la liberté qu’elle combattait, mais pour Napoléon.

Désormais, il fallait se défendre au lieu d’atta‘quer; nous ne pouvions même choisir le moment d'entrer en campagne; l'hiver et ses rigueurs ajoutaient encore à nos besoins.

Le temps ne permit pas de mettre à exécution le projet qui consistait à couronner la frontière d’une redoutable ligne de défense. Ney devait avoir le 3° commandement, qui se serait étendu sur tous les débouchés du Morvan jusqu'à la Saône. Une forte division aurait occupé le pont de Gray, point d’où l’on pouvait à volonté prendre l'offensive sur Besançon et Vesoul, ou soutenir la défensive vers les débouchés qui mènent du bassin de la Saône dans ceux de l'Yonne et de l’Armançon.