Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

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plaintes affreuses. L'Empereur ordonna une revue sur ce même terrain; les soldats, pour garder leurs lignes, avaient entre les rangs leurs camarades gisant morts sur le sol ou jetant des räles d’agonie. Impression ineffaçable pour de jeunes combattants! Cette revue fut morne et silencieuse.

À dater de l’entrevue de Maizières, l'Empereur, chaque fois qu’il me voyait courir sur le champ de bataille, m'appelait auprès de lui, pour lui rendre compte de ma mission, et je marchais à ses côtés, en répondant à ses questions jusqu'au moment où il me congédiait.

Cependant, l'Empereur avait fait suivre par la cavalerie avec une partie de l'infanterie Blücher, retiré sur la route de Bar. Mais le feld-maréchal, se sentant fort de l'appui du prince de Schwarzenberg, s'arrêta, le 30, à Trannes, y resta le 31, puis se reporta sur la Rothière. Là, eut lieu le lendemain, L* février, un nouveau combat fort meurtrier. Le ciel était obscurci par la neige qui tombaït à gros flocons; nous fîmes d’abord un mouvement vers Lesmont, mais l'Empereur nous rappela.

La division Meunier chercha vainement à s’emparer du bois d’Agou, et la division Rothembourg de la Rothière (1). Les réserves, toujours sous le

(1) Les divisions Meunier, Rothembourg et Decouz (blessé à

Brienne, remplacé plus tard par Curial) formaient l'infanterie de la Jeune Garde. (Note de l'éditeur.)