Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

12 SOUVENIRS D'OCTAVE LEVAVASSEUR

tants l’écoutèrent avec le plus grand recueillement.

Dans cette cérémonie, on reconnaissait encore le pouvoir du Premier Consul. Le Concordat était à peine signé : à la voix de Bonaparte, les temples venaient de se rouvrir. Une messe était donc pour plusieurs des assistants un spectacle dont ils avaient perdu en quelque sorte le souvenir et qui, indépendamment de son caractère religieux, avait, par lui-même, quelque chose d’imposant. Mais, si l’on ajoute que cette cérémonie se passait devant ‘élite des guerriers dont s’honorait la France, immobiles et la main appuyée sur leurs sabres, au repos cette fois, en présence de celui qui, après Dieu, était le plus grand et le plus puissant de tous, dans le palais même de la plus illustre des victimes des massacres du 2 Septembre, on ne pouvait s’empêcher d’éprouver un sentiment profond de regret pour de si grands désastres et d’admiration pour l’homme qui avait réussi à les faire oublier.

Après la messe, le salon reprit son aspect accoutumé et une nouvelle réception commença. Elle fut consacrée aux représentants de l’industrie beauvaisienne.M. de Lachaise présenta les principaux manufacturiers, au nombre desquels était Mme Sablé, qui sut attirer l’attention de Bonaparte par la précision de ses reparties.

Cette réception terminée, Bonaparte, ayant pris M. de Lachaise dans sa voiture, se rendit à l’hospice, auquel il fit don d’une somme de 3 000 francs, aux divers établissements publics et chez quelques