Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

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tentement et celui de l’armée au sujet des fautes graves du gouvernement royal qui, au lieu de prendre pour appui la vieille armée impériale, offrant ses loyaux services, repoussait dédaigneusement son concours. Je parlais de cette manufacture de généraux, de colonels improvisés, remplaçant les vieux officiers dans les plus beaux commandements; de Louis XVIIT, qui faisait reculer son règne à dix-neuf ans en arrière et anlidatait toutes les promotions, de manière que tous les grades d’une même personne, donnés en même temps, remontaient néanmoins à des époques où ceux à qui on les conférait ne songeaient guère à combattre et goûtaient les douceurs du foyer domestique, tandis que nous souffrions le froid, la faim, et que nous versions notre sang pour les défendre. Je me plaignais de ce que tous les officiers de la Vendée ou de Coblentz étaient aussi les favoris et primaient nos vieux services, regardés dès lors comme des actions dont il fallait rougir. D'un seul trait de plume tant de gloire, tant de hauts faits avaient été anéantis, et le plus grand titre d'honneur était de n’avoir pris aucune part à nos travaux. On voyait donner aux hommes les plus méprisés de l’armée, tels que les Canuel, les Donnadieu et les Bourmont, les premiers emplois. Aussi des pamphlets manuscrits étaient-ils colportés de toutes parts et personne ne cachait ses craintes pour l’avenir.

A toutes ces récriminations, le maréchal, sans