Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

1815 — LES CENT JOURS. WATERLOO 259

toutefois les combattre, gardait le silence; mais, si parfois je me hasardais à lui communiquer mes idées sur le retour possible de Napoléon, il prenait avec chaleur la parole : « L'Empereur ne peut revenir, disait-il, il a abdiqué, et, dans le cas où il débarquerait, tout Français devrait le repousser. »

J'aflirme que le maréchal était dans ces dispositions, lorsque, le 6 mars, sur les 6 heures du soir, un aide de camp du ministre de la guerre arrive apportant au maréchal l’ordre de se rendre sans délai dans son gouvernement; il nous apprend qu'un grand nombre d'aides de camp sont partis comme lui dans toutes les directions, et qu’un mouvement s'opère, mais il ignore quel en est précisément l’objet : il avait quitté Paris, le 5, en sortant d’un bal.

Le maréchal m'ordonna de retourner à Paris avec l’aide de camp du ministre et d’annoncer à Soult qu’il allait arriver. Nous diînâmes avec le maréchal, et nous partimes immédiatement. Pendant la route, l’aide de camp du ministre se perdait en conjectures sur les causes de l'agitation qu'il avait remarquée et sur les motifs de l’appel fait à Ney.

À 6 heures du matin, à peine arrivé à Paris, sur la place Vendôme, je rencontrai un camarade qui m’apprit le débarquement de l'Empereur! Je courus chez le ministre et lui fis savoir que le maréchal serait bientôt rendu aux ordres du roi. De l'hôtel du due de Dalmatie, je me rendis chez le