Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

278 SOUVENIRS D'OCTAVE LEVAVASSEUR

avait envoyé à Besançon prévenir de sa mission les personnes intéressées : lorsqu'il se présenta, les portes de la ville lui furent fermées.

Bourmont, Lecourbe, les autres généraux et une vingtaine d'officiers assistèrent au diner. Dans une situation aussi épouvantable, l'esprit des chefs de corps, qui avaient prêté serment de fidélité au roi et auxquels on avait confié, sous la foi de ce serment, un commandement de troupes, devait être différent de l'esprit de ces mêmes troupes. Celles-ci ne font qu’obéir, tandis que la responsabilité pèse sur ceux-là. Aussi ce dîner ne répondit il pas à l'attente du maréchal. Pendant le repas, on ne parla que des fautes énormes commises par le gouvernement des Bourbons, qui, s’il eût voulu accepter l'alliance de l’armée avec son esprit national et éloigner cette foule parasite de petits nobles de campagne, aurait pu faire le bonheur du pays. Il fut question aussi de Bonaparte, à qui on commanderait de ne s'occuper désormais que de la France et du pays; il lui serait interdit de conduire ses armées guerroyer sans cesse chez l'étranger; on lui rappellerait son abdication en faveur du roi de Rome: on lui dirait que c’était pour maintenir les droits de Napoléon II que la France se levait de nouveau. Dans cette conversation, je gardais, ainsi que mon voisin, le colonel d'infanterie Marchal, la plus grande réserve. Get officier me dit tout bas : « Nous allons marcher sur Paris avec l'Empereur. Quant à moi, ie vous le déclare, si