Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

1815 — LES CENT JOURS. WATERLOO 285

le faire employer dans l’état-major du maréchal Ney, car on supposait toujours qu'il marchait contre l'Empereur. Je me trouvai, par conséquent, sous le coup des plus infâmes accusations; mais je n’eus pas de peine à prouver que j'étais absolument étranger à toute cette affaire, ne connaissant pas même l’officier dont il était question. Je suis convaincu que dans cette première entrevue du maréchal et de Napoléon, Ney dit à l'Empereur des paroles fort dures et qui ne furent pas oubliées. Ce qui me confirme dans la conviction que le maréchal était resté tel qu’au moment de labdication, c’est que, dans un hôtel où nous couchâmes en partant d'Auxerre, à Nogent je crois, il fit mettre sur la porte un grand écriteau portant ces mots : Hôtel du roi de Rome.

Le 20 mars, nous étions à Montereau, où nous couchâmes chez l'aubergiste Labbé. Lorsque nous entrâmes à Paris, l'Empereur y était déjà. Ce brusque changement de gouvernement surprenait plus qu’il ne réjouissait; il y avait de l'inquiétude sur beaucoup de figures et de la tristesse dans bien des cœurs; des canons étaient braqués aux angles du Carrousel.

Quelques jours après, je me présentai dans les salons du maréchal. Une foule de généraux et de hautes notabilités les encombraient. Je fus quelque peu persiflé pour ma conduite dans ces dernières circonstances. Le comte de Ségur dit à Ney, en le revoyant pour la première fois à son