Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

1815 — LES CENT JOURS. WATERLOO 299

n’est tiré, quoique nous soyons à portée. Clouet, qui avait déserté, m'a rapporté depuis que cette charge avait mis l’armée anglaise en déroute et qu’il s'était rendu à Gand, pendant que la route était couverte de fuyards qu’elle avait chassés. Il me dit qu’alors son humiliation était au comble de voir cette débandade et les préparatifs de départ du roi à Gand, où notre mouvement avait répandu l’alarme (1).

Cependant, placés en bataille sur le terrain de l'ennemi, ayant toute son artillerie dételée sur nos derrières, nous restons dans cette situation pendant plus d’un quart d'heure, à la vue de notre armée qui demeure immobile. Sans doute, l'Empereur ne voulait pas quitter sa position pour prendre celle que nous avions conquise, avant que la sienne fût occupée par le corps de Grouchy qu’il attendait. Mais des cris effroyables sont poussés au loin sur notre droite. Je gagne les vedettes de ce côté, et bientôt une masse considérable de cavalerie paraît à peu de distance, se dirigeant au galop vers nous. Dans ce moment périlleux, je veux retourner mon cheval qui se dresse : impossible de le faire manœuvrer. Heureusement un cuirassier en vedette près de moi prend la bride; je pique des

(4) Le colonel Clouet, l’ancien aide de camp de Ney avec O. Levavasseur en Espagne, était chef d'état-major du général de Bourmont, qui commandait une division du IVe corps : il

l'avait suivi dans sa défection en passant la frontière le 45 juin au matin. (Note de l'éditeur.)

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