Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

CAMPAGNE DE 1805 : AUSTERLITZ 33

tard le moyen de se faire payer les rations si bénévolement fournies par les paysans allemands. L'un d'eux vint me demander de lui signer des bons de fournitures pour ma batterie pendant tout le temps de la campagne d’Austerlitz, en m'offrant des avantages et me disant qu’il avait la faculté de se faire payer par le ministre de la guerre. Je n’ai pas besoin de dire que je refusai de me prêter à toutè proposition de ce genre.

Je faisais partie de la division de cavalerie commandée par le brave général Walther, sous le commandement supérieur du prince Murat. Chaque régiment ou chaque corps se faisait suivre par des voitures de réquisition chargées d'avoine et de vivres, derrière le convoi. C’est ainsi que nous marchâmes avec la plus grande rapidité, toujours bivouaquant en grande tenue, sans quitter nos magnifiques uniformes ni nos chaussures pendant quinze jours.

Le 6 octobre, la Réserve de cavalerie bordait le Danube. Le 7, nous arrivâmes à Donauwerth, sur le pont de boïs étroit et tremblant qui domine le fleuve, grondant à une grande profondeur sous nos pieds.

Tandis que Murat, à la tête de trois divisions, s'avançait pour manœuvrer sur les derrières de l'armée de Mack, la division d'avant-garde de Walther marchait sur Memmingen. C’est devant cette place, le 12 octobre, que j’assistai pour la première fois à un combat.