Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

CAMPAGNE DE 1805 : AUSTERLITZ . 51

daient les troupes légères, près desquelles je fus me placer (1).

Toute notre cavalerie s’avançait en échelons; cette charge, conduite avec vigueur et succès, se. prolongea pendant plus de trois lieues. J'étais toujours en tête, à la gauche de nos deux régiments de hussards : toute la cavalerie du prince Murat, à cause des inégalités du terrain, se trouvait espacée à de grandes distances sur les derrières et réunie par divisions.

Telle était la position, lorsque, arrivés sur la crête d’un coteau, nous vimes tout à coup dans le vallon une masse de six mille cavaliers qui s’avançaient au pas sur nos deux régiments.

Mon artillerie ouvrit son feu sur cette grosse masse qui continua sa marche imposante et silencieuse. Treilhard et La Tour-Maubourg s’écrièrent : « Ferme, hussards! Ferme, chasseurs! » Un obus tombe s’enterre et fume sur le passage de cette troupe; elle s'ouvre pour laisser éclater l’obus. Bientôt, deux masses de cavalerie passent, l’une à droite, l’autre-à gauche, et nous entourent; mon artillerie prend en flanc la masse de gauche et la mitraille. Mais, ayant aperçu derrière nous d’autres troupes, elles veulent les envelopper et pénètrent ainsi dans le grand espace occupé par la cavalerie

(4) Général Treilhard, commandant la brigade de chasseurs de la division de cavalerie du Ve corps; colonel La Tour-Maubourg, du 22e chasseurs, de la division légère de la Réserve de la cavalerie. (Note de l'éditeur.)