Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

52 SOUVENIRS D'OCTAVE LEVAVASSEUR

du prince Murat, où elles disparaissent à nos yeux.

Le général Treilhard et le colonel La Tour-Maubourg firent face en arrière et se retirèrent. Pour moi, étant obligé de regagner la route, je me trouvais seul, faisant ma retraite en colonne. Je marchai ainsi pendant plus de dix minutes, n'ayant ni Français, ni ennemis près de moi, lorsque tout à coup des hurras éclatent en avant. Les 6 000 cavaliers ennemis, repoussés par le gros de la cavalerie de Murat, se retiraient au galop par quatre en colonne sur la route que j’occupais. Mes canonniers et mes soldats du train sautèrent aussitôt à bas de leurs chevaux, se jetèrent dans la plaine et nous vimes de là, pendant plus de cinq minutes, toute cette troupe défiler précipitamment le long de mon artillerie sans se diviser et sans nous attaquer : elle tira seulement quelques coups de pistolet. Après le défilé, je fis reprendre à mes canonniers leurs postes et nous continuâmes notre route vers les nôtres que nous rejoignîmes à minuit. Tous étaient dans la persuasion que l'artillerie était perdue et que nous étions prisonniers; nous bivouaquäâmes à Raussnitz.

Au camp de Boulogne, la tenue des troupes était remarquable par sa propreté, mais pendant une marche de trois cents lieues, aussi précipitée,