Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

CAMPAGNE DE 1805 : AUSTERLITZ 53

arrêtée à chaque instant par des engagements partiels, les soldats n’avaient pu trouver que le temps de se battre.

Aussi, arrivée dans ses cantonnements à la suite des armées russe et autrichienne qui avaient déjà sali toutes les habitations, l’armée française futelle en proie au double fléau de la vermine et de la gale. J'y avais échappé fort heureusement jusque-là. Mon domestique polonais, Joseph, sachant parfaitement la langue du pays, me procurait mille avantages. Il savait toujours remonter ma garde-robe avec le linge du bourgeois chez lequel j'étais logé, en lui abandonnant généreusement ma dépouille. À Raussnitz, je subis le sort commun.

Pendant que j'y étais, le général Sébastiani arriva un beau jour pour prendre aussi cantonnement avec sa brigade. Il m’ordonna de faire sonner à cheval et d’aller me mettre en batterie en avant du village. Je lui fis observer que nous n’étions point en présence de l'ennemi, que mes chevaux avaient besoin de repos et que je croyais avoir le même droit que lui à occuper le village ; que j'avais autant de chevaux dans ma batterie qu’il en avait dans sa brigade, et que je devais occuper la moitié des habitations. Sébastiani m'imposa silence et me prescrivit de lui obéir. Je fis monter à cheval, ordonnai à ma batterie de rester en bataille jusqu'à mon retour et me rendis au galop auprès du général Walther, auquel j'exposai ma situation. Le