Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

CAMPAGNE DE 1806 : IÉNA 11

vaux, et, porteur de cet ordre, je dus me rendre à Brunswick. Le duc, blessé à Iéna, s’était retiré de la coalition et toutes ses troupes rentraient dans leurs foyers avec armes et bagages : je passai donc en pleine sécurité au milieu de ces beaux régiments que nous avions combattus peu de temps auparavant.

Arrivé près des magistrats de Brunswick, j'exhibai mon ordre. « Mais, me dirent-ils, nous avons déjà ici un aide de camp du général Vandamme qui commande en chef et lève chez nous des contributions de toute espèce ». — « N’obéissez pas, répliquai-je, le général Vandamme n’a point d'ordres de ce genre à donner; il est sous les ordres du maréchal Ney, qui seul commande en chef. » L’aide de camp de Vandamme, apprenant mon arrivée, s'enfuit aussitôt, emmenant avec lui quelques voitures de butin, et je n’en entendis plus parler. Le lendemain, tous les chevaux de la ville et des environs furent, par mes ordres, rangés en bataille sur les places et sur la grande route. Les magistrats me supplièrent d’épargner les chevaux de luxe qui étaient en grand nombre dans cette ville. Je fis mon choix, et, dans les 700 chevaux que je pris, je n’enlevai qu'un attelage de luxe pour le général Seroux et trois à quatre chevaux de main pour les officiers d'état-major et pour moi. Les magistrats, satisfaits d’avoir été ménagés et voulant me témoigner leur reconnaissance, me firent offrir de l'argent que je refusai avec fierté.