Sur un portrait inédit de Naundorff : (1832)

14 SUR UN PORTRAIT INÉDIT DE NAUNDORFF

Solard, dans sa brochure sur le dernier fils de France ou le duc de Normandie, fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette (Yssingeaux, 1838), a même publié, sous le titre : « Déclaration et remarques de M. Lecourt, un des artistes les plus remarquables de Paris », une confession adorable de ce portraitiste survivantiste, Il faut la citer pour faire saisir sur le vif la mystique confiance du groupe :

Je fus, dit Lecourt, invité, il y a quelques mois, par M. le marquis de la Ferrière, que j'ai l'honneur de connaître depuis vingt-cinq ans, pour y faire le portrait d'un personnage éminemment distingué. Je fus présenté, et à la vue de sa physionomie, je me sentis plein de confiance pour l’auguste personne que j'avais à peindre: il portait, en effet, une de ces bonnes figures qui inspirent et qu’il suffit de voir une seule fois pour désirer de les voir toujours; quel était ce personnage? Le duc de Normandie que je qualifie tel, jusqu’à conviction contraire et victorieuse,

Cependant, ajoute-t-1l, 1l hésitait à le saluer, dès le début, d’un pareil titre. Il hésitait même à le trop regarder, mais ces hésitations durèrent peu.

Je m'abstenais de fixer mon regard aveg cette pénétration qui importune et même qui offense, et j'attendais d’être confirmé dans mes dispositions pour reconnaître cette noble victime... J'étais ému, et le regard doux qu'il fixa sur moi me rendit tout le calme nécessaire à l'observation. Il me tendit la main avec cette sécurité parfaite d’un homme dont la conscience et le cœur sont d'accord aveg tout ce qui est bien. Son expression alors fut telle, que je me serais reproché de concevoir un doute affligeant et honteux pour lui comme pour moi.

Voilà donc désormais Lecourt croyant : Naundorff lui a donné la main, c'en est assez! Sur ce, dit le peintre :

Dans le cours de la séance, M. de la Ferrière me dit: « Voyez comme il ressemble à Louis XVI et à Marie-Antoinette! » J'arrélai, avec la politesse que je devais à mes hôtes, cette effusion. Je sentais comme eux le besoin de me satisfaire par ce prodige; mais sans répudier leurs observations, je répondis que j'avais encore besoin de faire un plus scrupuleux examen.

Et Lecourt examine, en effet. Et il ne trouve guère de ressemblance entre Naundorff et ses parents. « Mais à cet égard, ajoutet-il, Louis XVIIT ressemblait-il à Louis XVI, et Charles X à ses deux frères? Non. Madame Royale ressemble à son auguste père, et le frère ne ressemble pas à sa sœur. » Faute de mieux, l'artiste en vient à concéder que « le duc de Normandie » rappelle Louis XVI « par le front et les masses charnues, et sa mère par la finesse gracieuse des traits de la physionomie »! Mais ici, sa conscience l’arrête : « Je le répète dit-il, je ne veux abuser