Trois amies de Chateaubriand

MADAME RÉCAMIER 4173

au vœu des amants courtois. Combien de fois Chateaubriand, par en donné le monde à une dame qu'il aimait !.…

Il écrivait encore à Délie, ce 5 octobre 1823 : « Tu m’aurais donné un fils; tu aurais été la mère de mon unique enfant. » À ce propos, les Annales romantiques notent qu'on lit, dans Les Naichez : « J’allais m’exposer à donner la vie, moi qui regardais la vie comme le présent le plus funeste »; et, dans les Mémoires d'outre-tombe : « Après le malheur de naître, je n’en connais pas de plus grand que de donner le jour à un homme; je n’ai jamais désiré me survivre... » Eh! bien, si! Le 5 octobre 1823, il le désira; seulement, il en fut empêché par la guerre d’Espagne.

Alors, la guerre d’Espagne ne lintéresse plus, dit-il; et,en le disant, peut-être le croit-il : mais il se trompe. La guerre d'Espagne, comme une autre femme, lui tourne la tête.

Tout de même, il est déçu. Et il demande, pour quelque autre jour, un beau dédommagement : « Si tu m'aimes, ne viendras-tu pas à Fécamp, au bord de la mer, je ne sais où? Oh! oui, dédommage-moi; viens; pardonne-moi cette délivrance du TO roi d’Espagne... »

Il faut avouer que jamais roi malheureux n'apparut plus gaiement dans une phrase qui ne l’attendait pas. Et Chateaubriand, qui vient, raconte-t-i], d'écrire « à tous les rois et à tous les ministres de l’Europe », avoue que sa main droite est fatiguée...

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