Trois amies de Chateaubriand

204 TROIS AMIES DE CHATEAUBRIAND

apprit que le grand homme était furieux contre Charles X, furieux contre les pairs, furieux contre le lieutenant-général; et il était « censé malade ». Mme de Boigne ajoute, méchamment:« C'est sa ressource ordinaire lorsque son ambition reçoit un échec considérable; et peut-être au fond l’impression est-elle assez violente pour que le physique s’en ressentel. » |

Mme Récamier presse Mme de Boigne d’aller avec elle trouver Chateaubriand. Il s’agit de le calmer.

Elles arrivent à la petite maison de la rue d’'Enfer. On les introduit. Elles frappent à la porte du cabinet de travail et entrent.

Chateaubriand écrivait, à l'angle d'une table. Il était en robe de chambre et pantoufles, un madras sur la tête... Ce n’est pas l’aspect qu’il a désiré de laisser après lui : ce madras empêche les boucles romantiques de ses cheveux de flotter au vent qui vient des océans.

Sur la grande table où il travaillait, il y avait des livres, des papiers, des « restes de mangeaille » et, dit Mme de Boigne, des « préparatifs de toilette peu élégante ». Il reçut très bien les deux dames; toutefois, le madras, un mouchoir rouge et vert, le gênait visiblement.

Il préparait son discours pour ‘la Chambre. Mme Récamier obtint qu'il le lût à ses visiteuses, Un discours terrible, On y voyait le duc d'Orléans s’avancer vers le trône deux têtes à la main.

4. Mémoires de la comtesse de Boigne, tome IIT, p. 428.