Trois amies de Chateaubriand

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guée par l'exercice des bonnes œuvres qu’inspire la religion », Chateaubriand eut beaucoup de chagrin, il me semble. Dans létat de tristesse où il lanouissait, cet événement l’affligea. Il mit la main à sa poitrine et dit à l'abbé Deguerry : «Je viens de sentir la vie atteinte et tarie dans sa source; ce n’est plus qu’une question de quelques mois. » Évidemment, il songeait là surtout à lui, mais cette fois à l’occasion de Mme de Chateaubriand. Cela ne lui était pas arrivé en maintes circonstances. Détaché maintenant de quelques-uns des plaisirs qui Pavaient le plus diverti, il ressentait plus intimement l’émoi des heures nouvelles et dernières. Il était prompt à s’attendrir et à se désespérer plus sincèrement que jamais. _ De plus en plus, son orgueil s’est tourné vers la religion. La littérature ne l’intéresse plus. Il songe à la mort. Le voyage, dit-il, a été long; et il est las, Il a écarté toutes les chimères et il n’est plus qu'un croyant simple qui éloigne les tentations de l'esprit, Un jour, à l'Abbaye, Lamennais tâcha d'entamer upe controverse religieuse avec lauteur du Gér'e du Christianisme. Chateaubriand l’interrompit d’un geste brusque : « Ah! de grâce, mon cher ami, n’engaseons point de discussions théologiques. Je m'en tiens à mon credo et jy trouve ma consôlationt! » Au mois de juin 1847, quatre mois après Mme de © Chateaubriand, mourut Ballanche. Mme Récamier,

4, Comte DE Marcezzus, Chateaubriand et son temps, p.0* 11