Trois amies de Chateaubriand

HORTENSE ALLART 265

plus amplement populaire de l’époque : Béranger. Cela, aujourd’hui, étonne, si nous essayons de relire les chansons de ce poète imparfait. Mais il était le héros populaire de l’heure; et les poètes, les vrais, les Eamartine, les Hugo, les Chateaubriand, s’inclinaïent devant sa cordiale renommée.

En 1830, Béranger, qui avait cinquante ans, et Chateaubriand, qui en avait soixante-deux, ne se connaissaient pas. Seulement, ils connaissaient tous les deux Hortense. Il n’en fallut pas davantage pour les réunir, le moment venu. Elle était affectueuse et habile à créer de bonnes relations entre les gens qu’elle aimait : et elle aimait presque tout le monde. I ne lui suffisait pas d’aimer les grands hommes : elle voulait encore qu’ils fussent les meilleurs amis du monde. Son chef-d'œuvre fut, peut-être, de lier Béranger avec Lamennais. Mais elle a dépensé beaucoup d’ingénieux dévouement à obtenir que Béranger fût l’ami de Chateaubriand, Chateaubriand Fami de Béranger, et Sainte-Beuve l'ami de ces deux-là. Pour Sainte-Beuve et Béranger, voici comment elle sut s’y prendre. Le 22 octobre 1842, elle écrivit à Sainte-Beuve : « Je reçois de Béranger une lettre dont le post-scriptum est : Mes amitiés à Sainte-Beuve, que je voudrais bien voir. Il me parle, dans sa lettre, des beaux esprits du temps, au nome desquels il vous met, je crois, et qu’il frace-tort audessus de lui. » Je crois est délicieux Hortense, évidemment, prenait cela sous son vonnet, sous son

léger bonnet qui, tant de fois, par-dessus les mou23