Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LE CHATEAU DE LA ROUËRIE 87 on « défaisait les lits et on roulait les matelas, pour faire croire qu'il n'y avait personne au château! ». |

Le marquis ne perdait pas une occasion de lever des recrues; il avait enrôlé jusqu'aux mendiants? qui parcouraient les villages et qui, s’arrêtant à chaque porte, servaient de facteurs à la conjuration. Souvent aussi il employait des moyens plus pratiques. Un laboureur du hameau des Champas, Louis Lambert, déclara que, revenant de chez son cousin, habitant Marigny, il rencontra le marquis de la Rouërie, qui se promenait sur le bord de la route d’Avranches, en compagnie de quelques dames et d'un monsieur. Lambert salua le marquis et celui-ci, ripostant par un coup de chapeau, lui demanda si, « dans le cas où les brigands attaqueraient son château, il pourrait venir avec plusieurs autres braves gens pour le secourir : le paysan répondit qu'ilétait tout près à le faire et qu'il amènerait autant de monde qu'il pourrait. Sur quoi la Rouërie s’informa de ce qu'il pourrait faire pour lui. Lambert répliqua qu'il avait besoin de 200 livres. Le marquis l'emmena au château et lui en compta 2503, »

1. Déclaration de Pierre-Charles Boujard. — Archives nationales, W, 275.

2. Souvenirs et Campagnes du Général de la Motle-Rouge.

3. Le recu est joint au dossier. — Archives nationales, W, 275.