Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LE CHATEAU DE:LA ROUËRIE 99

comme les Princes, assuré du résultat, le marquis se montra, beaucoup plus qu'eux, avisé et pru-

dent. Prévenu que certaines municipalités voisines

s'inquiétaient des enrôlements qui se faisaient au château de la Rouërie!, il prétexta les craintes que lui inspiraient des bandes imaginaires de brigands, qui l’avaient menacé à diverses reprises. Tantôt ces brigands se massaient, assurait-il, dans les landes de Crollon, tantôt ils étaient censés s’'avancer jusqu'aux bois de Blanchelande?, Quoi d'étonnant à ce que, dans cette extrémité, il fit appel au concours de ses concitoyens : les paysans venaient s'offrir pour le soutenir en cas d'attaque

et ainsi se trouvaient expliquées les allées et venues

1. « Les maires de trois communes voisines du château de la Rouërie ont déclaré que, depuis deux mois, il s’y fait des rassemblements considérables. On a vu passer plusieurs escouades de gens armés se ralliant par un coup de sifflet. » — Archives nationales, Dxz!?,

2. Voici une lettre que le marquis adressait au procureur-syndic de la commune d’Antrain.

« 23 mai 1592, 9 heures et demie du soir.

« Près de 300 hommes, qu'on dit très mal intentionnés, se sont réellement assemblés dans les landes de Crollon. De là ils se sont portés dans dilférentes maisons et surtout à Boucéel. Onest sur ses gardes à la Croix et à Villiers ; Saint-James est tout prêt à marcher ; ils sont tous convenus de m'envoyer chercher s'il y a lieu d'employer la force pour les repousser. Dans ce cas je ferai prévenir la paroisse de Saint-Ouen et la ville d'Antrain, qui peuvent, jusqu'à ce temps, être fort tranquilles.

€ ARMAND DE LA ROUËRIE, » Archives nationales, W, 275.