Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

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qui intriguaient les officiers des municipalités voisines et les moyens de défense, — sentinelles, barricades ou patrouilles, — qui faisaient de son château un véritable camp retranché.

Cette précaution prise afin de justifier des mouvements qu’on ne pouvait dissimuler, le marquis convoqua les présidents de tous ses comités d’insurrection à un rendez-vous général. Il les avait déjà groupés, partiellement du moins, en des conseils secrets tenus, la nuit, soit au château du Rocher-Portail, près de la Gelle-en-Cogles, soit dans le pavillon de Plaisance, perdu au cœur de la forêt de Gâtine; mais il voulait, avant d'ouvrir la campagne, tenir des assises solennelles auxquelles figureraient tous les chefs de la conjuration. Le château de la Rouërie fut désigné comme lieu de réunion et la date fixée à la nuit qui suivrait le dimanche de la Pentecôte ?.

Toute la contrée fut en émoi. Bien que la convocation eût été secrète, tant de gens étaient dans la confidence que, de Saint-Malo à Fougères et de Lamballe à Avranches, ce fut comme une trainée

1. Cette convocation se fit par le moyen de cavaliers qui portérent les ordres du marquis. Nous trouvons, en effet, dans l'enquête de Brisbarre, juge de paix et oflicier de police du canton de Trans (27 juillet 1792), cette indication : « Huit jours environ avant la Pentecôle, des bandes d'hommes à cheval partirent vers deux heures du matin du château de la Rouërie et prirent différentes routes. » — Archives nationales, W, 275.

2. Le 27 mai 1792.