Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LE CHATEAU DE LA ROUËRIE 103

l'un de ses aides de camp, qui fit lecture de la commission adressée au marquis par les Princes : sa qualité de chef ainsi établie, la Rouërie, d’une voix vibrante, commença à parler.

« — Bretons et concitoyens des différentes pro_ vinces !, que la religion et l’honneur rassemblent ici, ON vient de vous donner connaissance de mes pouvoirs, celle de mes desseins. C'est pour votre bonheur que je les ai formés... Il n’est pas un de nous, mes dignes compagnons, que les crimes el les désordres de la Révolution n'aient pénétré d'horreur.

« La preuve la plus évidente et la plus utile que vous puissiez donner de vos sentiments... est votre union actuelle autour d'un chef commissionné au nom du roi par les Princes, frères de Sa Majesté.

« En rendant à l'Église ses véritables pasteurs, en protégeant l'influence et la dignité de votre culte bénit, en protégeant les individus et les propriétés contre tous les genres de brigandage, vous hâterez le retour de la constitution bretonne.

1. Nous reproduisons les principaux passages de ce discours d'après la minute autographe du marquis; il l'avait certainement entre les mains en prononcant cette allocution, qu’il dut lire, car le dossier contient, de la même harangue, un premier brouillon, chargé de ratures, dont cette minute n'est qu'une copie : plus soignée. Ces deux pièces ont été saisies à la Fosse-Hingant et inventoriées sous les n° XI et XII. — Archives nationales, W, 274.