Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

110 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

nut le sieur Ricault, curé réfractaire de Sougeal ; rassuré, il en fit à haute voix l'observation à ses camarades.

— Ne dites pas que vous m'avez vu, cria Ricault.

Et, hâtant le pas, il disparut!.

La bande poursuivit sa route. Au village de la Barbaie, Julien le Pauvre et Mathurin le Marchand frappèrent à la porte d’un cabaret et demandèrent le chemin de la Rouërie. On apercevait dans les sentiers convergeant vers le château d’autres troupes, arrivant de Sacey et échangeant, en manière de signaux, des coups de sifflet?. À la lisière du bois des Bannières, un cri de : Halte! qui vive ? arrêta les gens de Sougeal. Orain répondit : Ami de la garde ! Un homme sortit du bois, vint à leur rencontre, et quelques-uns reconnurent que c'était André fils, colonel de la garde nationale d'Antrain3. André les accompagna le long des avenues.

1. Ua certain nombre de curés et de vicaires insermentés s'étaient mis sous la protection du marquis. On écrivait de Dol, le 10 mai : « Quatorze prètres réfractaires demeurent à SaintOuen-de-la-Rouërie. Le seigneur de cette paroisse fait dire la messe à son château. »

2. Déposition de Jean Labbé-Compagnon, de Pierre Hedou et de Charles Barbier. Ils parlent de bandes composées de seize, de cinquante et de soixante hommes, armés de fusils ou de bâtons. — Archives nationales, W, 275.

3. 11 fut interrogé quelques jours plus tard et avoua qu'il avait passé la nui au château. — Archives nationales, W, 275.