Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LE CHATEAU DE LA ROUËRIE 111

Au portail de la grande cour, deux abbés! qui montaient la garde, armés de pistolets, demandèrent aux arrivants le nom de leur chef. Ils répondirent que c'était Louis Orain ; sur quoi ils durent attendre quelques instants, pendant qu’on prévenait au château. Il était environ une heure du matin, toutes les fenêtres de la façade étaient éclairées, la cour était pleine d'hommes et de chevaux : on entendait « beaucoup de bruit dans les greniers de l'écurie neuve », où était logée, sans doute, une partie de la garnison.

Enfin «un monsieur, vêtu d’une redingote blanche?, vint recevoir les habitants de Sougeal et les invita à entrer au château : ils le suivirent docilement; Orain était le seul « à n’avoir pas l'air neuf et emprunté. » Reçus d'abord dans une chambre du premier étage, dans laquelle se trouvaient dix à douze personnes, on les fit presque aussitôt redescendre au rez-de-chaussée « pour se rafraîchir ». On leur servit « à manger plus en beurre qu’en viande », remarqua l’un d’eux ; un autre nota qu'on ne leur versa point de vin, mais seulement du cidre, qu'ils burent en se tenant debout autour d'une table ronde. Dans un angle,

1. « Un abbé. avec l'abbé Gardais (ou Gardel, voir ci-dessous, p. 120), faisait la sentinelle à la porte du château avec des pistolets dont ils étaient armés. » Déposition de Pierre Lambert de la Barre en Vieuxviel. — Archives nationales, W, 275.

2, C'était Gervais Tuffin. — Archives nationales, W, 275.