Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

LE CHATEAU DE LA ROUËRIE 115

cès, les environs du château. À onze heures du soir, Cadenne rentrait avec ses hommes à Antrain, ramenant « un particulier » rencontré sur la route : c'était Deshayes, le secrétaire du marquis.

Hévin l'interrogea sur-le-champ ; mais l’autre, très maître de soi, joua la stupéfaction. « Il y a quatre ans qu'il est au service du marquis en qualité d’intendant, et jamais il n’a entendu parler de conjuration ni de politique : depuis trois mois, principalement, la Rouërie s'occupe seulement de l'entretien de son jardin et de l'embellissement de son domaine, qu'il a quitté mardi dernier dans l'après-midi, afin d'empêcher ses amis de venir le voir et de couper court aux bruits de rassemblements que des gens malintentionnés ont répandus. Deshayes ignore où s’est retiré le marquis et sait seulement qu'il est parti en compagnie de plusieurs personnes, entre autres de son cousin, Tuffin, de MM. du Pontavice, de la Haye-SaintHilaire et Chafner, des dames du Pontavice, Fabiani et de M"° Moëlien de Trojoliff. Le valet de chambre Saint-Pierre, ainsi que Guillon et Bossard!, sont aussitôt montés à cheval et ont suivi leur maitre?. »

1. Saint-Pierre, Guillonet Bossard avaient accompagné la Rouërie pendant son voyage à Coblent{z.

2. Interrogatoire de Louis-Adrien Deshayes.— Archives nationales, W, 275.