Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

116 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE

Hévin comprit que Deshayes s’en tiendrait à ces discrètes révélations et n’insista pas : conseillé par Lalande qui, se sentant soutenu par toute une armée, montrait de la décision et devenait brave, il estima plus urgent de découvrir la retraite de la Rouërie ; le marquis ne pouvait être bien loin, si même il était vrai qu'il eût fui. Lalande, d’ailleurs, connaissait le pays et, à son avis, le conspirateur avait dû trouver asile dans quelque château voisin, au Rocher-Portail ou à la Ballue. Hévin ne perdit pas un moment: il étaitune heure du matin": il monta à cheval, se mit à la tête des dragons rennois et prit la route du château de la Rouërie.

Son collègue Varin et le commissaire la Brigue se dirigèrent avec les gendarmes vers le RocherPortail, où ils arrivèrent à trois heures : les portes étaient fermées, Varin frappe, appelle, somme d'ouvrir au nom de la loi. Une servante apeurée se présente et introduit les commissaires dans une salle basse, où se trouvent M"* de Farcy de la Ville-des-Bois. Elles déclarent n'avoir point vu M. de la Rouërie, consentent à ce qu’on visite la maison des caves au grenier : la perquisition ne révèle rien de suspect; pourtant les commissaires remarquent dans les stalles vides de l'écurie « du crottin frais sur de la paille nouvellement broyée ».

1. Les juin 1792.