Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

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èlre poussé plus loin encore : comme la Rouërie, le comte de Noyan avait manifesté, plusieurs années avant la Révolution, une haine profonde pour le despotisme, et il semblait devoir embrasser avec ardeur la cause et les espérances des novateurs. Il n’en fit rien, cependant, étant passionnément monarchiste, et en cela encore la Rouërie partageait ses sentiments. Ni l’un ni l’autre ne pensèrent à quitter la Bretagne; l'émigration répugnait à leurs principes ; mais la noblesse bretonne ayant, ainsi qu'on l’a vu, refusé d'envoyer des représentants aux Élats généraux, les membres de cet ordre se trouvaient naturellement disposés à former, dans la province même, une association politique et à observer en commun la marche d'un gouvernement en dehors duquel ils s'étaient placés !.

Aussi, dès les premiers jours de 1790, le château de la Mancellière était-il devenu un lieu de rendezvous pour certains mécontents de la région : on y déblatérait contre les avocats de l'Assemblée nationale ; on déplorait la faiblesse du roi, l’inertie des émigrés, l’aveuglement du peuple : il se formait là un club royaliste où tous les moyens de réaction étaient discutés, où mille projets étaient ébauchés, sans que personne émit une idée pratique et se ris-

1. Portraits de Famille.