Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

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quât à attacher le grelot qu’on se contentaitd’agiter.

Depuis longtemps le marquis de la Rouërie venait familièrement à la Mancellière. Avant son départ pour l'Amérique, il avait sollicité la main de la fille ainée du comte de Noyan !; celui-ci, qui, en aucune circonstance, ne prenait avis de personne, avait nettement repoussé la proposition et marié sa fille au comte de Kersalaün. Ce refus, cependant, n'avait pas nui aux relations établies entre les deux gentilshommes?, relations que les événements politiques et la conformité d'opinions avaient encore resserrées. Tous deux, examinant la situation faite à la noblesse bretonne par son abstention volontaire, formèrent le plan d’une association réunissant dans une commune entente tous ceux qui regrettaient leur inaction ou qu'effrayaient les orageux débuts de la Révolution. Ils en arrêtèrent les bases, combinèrent les moyens d'exécution, supputèrent les ressources possibles, recueillirent quelques adhésions et s’accordèrent à reconnaitre que l'heure était propice à un soulèvement royaliste.

Le comte de Noyan consentait à apporter au projet l'appui de son nom et de sa siluation, mais à la condition que ses chères habiludes n’en

1. Interrogatoire de Ranconnet-Noyan. — Archives nationales, W, 274. 2. Idem.