Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

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lettes : on ne rebute aucune ambition, on n’écarte aucun postulant. Un officier se plaignant de n'avoir rien reçu, on lui confia le commandement d'un corps d'Illyriens, et le maréchal de Broglie eut soin, en l’informant de cette faveur singulière, de lui glisser quelques sages conseils sur la facon de manier ces étrangers d'humeur instable... Mais aucun lllyrien ne se présenta !.

Ce monde de l’émigration, superbe, insolent, étourdi, était d'une ignorance qui consternait les Allemands. « Plus je les connais, disait l’un d'eux, plus j'admire la politesse et la grâce de leurs manières : mais quelle nullité dans tout le reste! » Et un émigré même, royaliste fanatique cependant, écrivait : «Je n'ai tracé qu'une légère esquisse de la cour de Coblentz : le tableau serait trop noir ; il faudrait dévoiler trop d’horreurs. Il m'a suffi de lever un coin du rideau, un Français doit le refermer bien vite?. »

À son entrée en scène sur cet étrange théâtre, le marquis de la Rouërie s’altendait à y jouer, dès l’abord, un rôle en vue : il apportait une idée ; mais ce n’était point chose rare à Coblentz : depuis que s'y groupaient les émigrés, les faiseurs de projets y foisonnaient, et chacun avait un plan. D'ailleurs la confiance était grande, et on se lamen-

1. Chuquet, Invasion prussienne.

2. Mémoires d'un Officier aux Gardes Françaises (Maleyssie).

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