Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

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mousseline blanche; c’est charmant!.» Le pontvolant, d’une rive du Rhin à l’autre, ne porte que des groupes folâtres : il y a défense de prendre un sol de péage aux Cocardes blanches ; le «bon, le parfait, le digne Électeur, qu'on trouvait si pelit seigneur à Paris», a rendu ce gracieux arrêté en faveur des Français : aussi quel grand prince n'est-il pas ! À certains jours, il ouvre aux réfugiés son châleau de plaisance de Schænbornlust, aux portes de la ville.

Et l’on affecte d'apporter là les élégances de Versailles; on s'amuse à stupéfier les naïfs Allemands : ils frémissent de voir, au Café des TroisCouronnes, ces gentilshommes sans le sou jetant l'argent à pleines poignées, disant qu'un Français ne rabat point, dépensant quinze écus par repas, méprisant le pain noir, ne mangeant que la croûte du pain blanc et faisant avec la mie des boulettes qu'ils se jettent au visage. On joue toute la nuit; on déjeune en partie fine sur les belles pelouses qui bordent le Rhin‘; si l’on pense à l'avenir, c’est pour se partager les grades, les places, les décorations; chaque jour voit une distribution nouvelle de cordons, de croix, d'épau-

1. Souvenirs de l'Emigralion, par la marquise de Lage de Volude.

2. Souvenirs de l'Émigration, par la marquise de Lage de Volude.

3. Chuquet, Invasion prussienne, d'après les Mémoires de Dampmartin. 4. Souvenirs de l'Emigration, par la marquise de Lage de Volude.