Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits

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douteuse qu'à peine arrivé en Bretagne un agent du Comité de Sûreté générale la constatait dès son premier rapport: «La raison du mécontentement est qu'on a voulu imposer les prêtres constitutionnels !. »

Le marquis de la Rouërie résolut de grouper ces mécontents; besogne délicate et d'autant plus ardue que les revendications de chaque paroisse étaient purement locales. Il l'entreprit cependant. Mais tout autre que lui aurait reculé devant la difficulté bien autrement grande d'armer ces paysans, de leur imposer, sans que les autorités en eussent soupçon, la discipline d’un corps de troupes, de les exercer aux manœuvres militaires et surtout d'arriver à un tel degré de confiance chez les chefs, d'obéissance chez les soldats épars, qu'en vingt-quatre heures toute la province püt se trouver debout, enrégimentée et prête à combattre. Dans chaque ville d'évèché, — chef-lieu de département, — il créa tout d'abord un conseil composé de six commissaires et d’un secrétaire, choisis indistinctement parmi les nobles, les bourgeois ou le clergé. Ce conseil, recevant directement les instructions du chef de l'Association, les transmettait à d'autres commissaires siégeant dans les

1. Compte rendu par l'homme de confiance envoyé par M. le Ministre des Affaires étrangères. — Archives nationales, WW, 214.