Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

376 APPENDICE.

C'est que mon expérience m'a appris le danger de mettre trop souvent les souverains aux prises avec les autres gouvernements. [ci ce n’est pas votre faute assurément; mais le danger n’est pas moins réel, Votre empereur de Russie s'est très bien montré de toute manière à votre égard; mais si Bonaparte continue, n'est-il pas à craindre qu'il ne se lasse? Et, s’il ne se lasse pas, son ministre saura bien le dégoûter de ces ennuis causés par un étranger, si cel étranger ne leur a donné la mesure de son talent, et c’est ce que vous n’avez pu faire sous les ordres d'un ministre à Dresde.

Ici, c'est la tactique de fatiguer, et cela réussit presque toujours. J'ai vu l'Angleterre prête à laisser Georges, qui à présent a tous ses secrets; on lui offrit d'aller au Canada; il refusa ; on y revint; le refus fut très sévère; on y répondit en lui ôlant ses mille quinées de traitement et le réduisant à une guinée par jour à Londres; il l’a supporté. La guerre est venue et il s’est fait bien largement indemniser; mais le fait n’en est pas moins vrai et vous prouve la nécessité de sorlir de cette dépendance et de leur prouver qu'ils ne connaissent pas volre talent. Qu'ils fassent demander ici, je le voudrais, qu'ils fassent demander de bonne foi à Talleyrand ce qu’il en pense, à Roederer, ils verront l'opinion que l’on en a, non pas Bonaparte, qui ne Île dirait peut-être pas, mais qui pourtant ne le méconnait pas.

III L'amie de Paris à d’Antraigques. Paris, 6 au 11 décembre 1804. Je ne suis nullement contente de votre réponse à ma

lettre du 18 octobre, au sujet des dispositions de notre digne et cher ami (père de .....). Il me semble que vous