Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

378 APPENDICE.

sances. On lui peut tout dire; il n’y a pas d'exemple qu’elle ait jamais rapporté un mot à son mari, jamais, jamais. Elle sait que je le hais comme peste, et jamais elle n’a fait que parer les coups, éviter les occasions, ca, c'est vrai. Oh! pour les défauts, ils sont sans nombre. La têle est perdue, le ridicule est au delà de toute croyance, et l’intempérance de propos une espèce de délire. Elle est très donnante en présents à ses anciennes amies qui lui accordent de les accepter. Jamais elle n’a pu me faire un présent; croyezvous que cela ne l’humilie pas? Si fait, mais elle souffre et quelquefois pleure. Le 30 novembre, elle se mit presque à genoux pour me faire accepter un anneau superbe de diamants. Ce fut impossible, mais, la voyant affligée, je lui pris au doigt un pelit anneau d’or émaillé et je lui dis : « Je préfère celui-là, c’est du bon temps. » Elle se mit à pleurer et me le donna; c'était un anneau que lui avait donné Cresnay, cousin de feu mon mari, en 1787, qu'il élait son amant. Voilà la Bonaparte telle qu’elle est.

Il est très intéressant pour vous que je la voie souvent. Ainsi je vous prie de ne pas le désapprouver, parce que ie l'exige et que quelquelois un quart d'heure avec elle nous sert à plus savoir que .… ne peut faire. On vous a menti et à votre Empereur si on lui à dit qu'elle ne savait aucun secret de Bonaparte; je vous en prie, dites-moi d'où vous est venue celte notion. Si c'est du prince Czartoryski, voyez comme on le trompe ou combien son chargé d'affaires ici était mal instruit. Cela est de toute fausseté. Bonaparte la traite quelquefois, souvent même, très durement et avec les propos les plus grossiers, mais, jamais de sa vie, malade où en santé, elle n’a d'autre lit que le sien; elle a la clef de tous les cabinets; elle est seule quand Bonaparte est au conseil; c’est à elle que du conseil il éerit de petils billets pour avoir tel ou tel papier, et alors elle y est seule, elle lit tout, lui entend parler de tout, pourrait donner son avis, si elle en avait un, mais elle n'en a pas, excepté sur ce qui la regarde ou sur des pauvretés. Ce qui déjoue des