Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

408 APPENDICE.

ment subordonné à toutes les volontés de la Prusse. Le crédit réel de l'Autriche et de la Russie n’est pas même, suivant Talleyrand, de nature à se ranimer, parce que, dans les temps passés, elles pouvaient se saisir de l'électeur par l’appât de la couronne de Pologne, et, cet appât n’existant plus, ses moyens sont regardés comme nuls.

En 1803, La Rochefoucauld fit entendre ici, par une lettre datée du 24 messidor an XI, que j'ai lue hier exprès, qu'il savait de l’électrice, par le moyen d’une première femme de chambre qui a toute sa confiance, que l'Iéecteur ne serait pas éloigné, si dans la suite des événements il arrivait une libération de la Pologne, d'en accepter la couronne héréditaire, comme on la lui avait proposée et il demandait à être autorisé à suivre celte donnée. Cela fut rejelé par une réponse fort sèche, comme tout à fait absurde, inutile et dangereuse dans cemoment. Depuis on y est revenu en 1804 directement ici avec le comte de Bunau et Talleyrand lui-même, et la réponse très claire a élé un refus de s'occuper de pareil projet, tout à fait opposé aux vues de l'électeur; ce quia prouvé que ce qu'avait dit La Rochefoucauld était une intrigue de commérage. Les lettres de La Rochefoucauld, assez insignifiantes pour n'avoir jamais paru sous les yeux mêmes de Talleyrand que par des extraits faits par Durant le jeune, avant que j'eusse obtenu de son père de le mettre en second dans l’office, nous instruisent cependant avec assez de précision, il faut l'avouer, de l’état de cette cour, en militaire, finance et politique. Présumant que le dernier article seul peut vous intéresser (car qui peut mieux que vous juger les deux autres), nous voyons que le ministère est tout à fait prussien, et que l'électeur et son favori seraient pour l'Autriche; que dans ce mezzo termine la peur domine sur tous, et que ce pays ne prendra jamais aucune couleur sans que la Prusse, profitant de son ascendant sur le ministère, ne le décide en se décidant elle-même. Nous voyons dans les dépêches que l’année passée, en février et précédemment en novembre 1803, la Russie a fait faire des démarches confi-