Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

APPENDICE. 409

dentielles par son ministre à Dresde pour savoir si cetle cour voudrait entendre à des traités éventuels ; quelles étaient ses craïîntes, lui demandait-on, et on lui offrait des garanties si elle voulait se confier à la Russie. Ces renseignements, à ce que je vois chez La Rochefoucauld, lui avaient, dit-il, été donnés par deux personnes, par un M. Lismer, secrétaire de votre légation, et par le ministre de Prusse, qui lui dit les savoir du ministre russe, et, sur ce dit, il s’élait mis en devoir de vérifier les faits et les avait trouvés exacls; mais je crois que ce drôle, pour se faire valoir, inculpait ceux dont il dit tenir ses renseignements, que je suppose lui avoir été donnés tout bonnement par le ministère saxon, et ma raison en est que je vois qu'à peu près à la même époque, c’est-à-dire à dix-sept jours de différence entre la lettre de La Rochefoucauld et la conversalion du comte de Bunau avec Talleyrand, ce dernier lui avait dit confidentiellement les mêmes choses. Or, je dois supposer que le ministère saxon avait fait à Dresde ce qu'il avait fait à Paris, et que La Rochefoucauld, pour faire "parade de ses intelligences, a inculpé ceux dont il dit tenir des confidences qui, de leur part, seraient une trahison. Je vous dis cela, parce que le même La Rochefoucauld, dans les mois de janvier, février, avril et mars 180%, représentait ces deux mêmes personnages comme vos ennemis les plus ardents et désirant avec lui votre départ de Dresde. Il serait possible que ce fait fût aussi faux que le premier l’est évidemment. C'est à vous à le vérifier d’après cela, et puis il y aurait encore en toute justice une bien grande différence entre des intrigues contre vous et la violation du secret de sa cour.

La réponse de l'électeur à ces insinualions de la Russie a été le grand champ de bataille de sa neutralité. On les a trouvées ici faibles et on croit être sûr par Lucchesini que la Saxe a répondu clairement qu’elle suivrait en tout temps les impulsions de la Prusse... Mon opinion est que ce pays, si on le peut atteindre, sera vexé pour les emprunts que l’on en exigera; qu’il est grandement question, comme vous le verrez tout à l'heure, d'en faire un point central où l’on en-