Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues
APPENDICE. 419
tion personnelle ; s’il protège les intérêts de quelqu'un, ce sont ceux de l'Espagne, et cela par intérêt personnel, mais vous voyez qu'il n’a pu, dans ce qu'elle désirait le plus, la garantir de rien; mais, s’il n’aime pas, il déteste, et parmi ses haines, la plus furieuse est contre l'Angleterre ; comme pays, nation, il abhorre l'existence de ce pays et voudrait l’anéantir.
Il haït la Russie comme étant en tout l’épine de son travail, et depuis deux mois il dit des soltises contre son ministère assez ouvertement pour croire qu'il veut qu'on les cache, et, en effet, ilne le peut ignorer, puisque la police lui rendit compte avant-hier qu’un de ses aboyeurs de Paris, avec qui il passe sa vie, M. Montrond, avait dit chez M. Pastorèche, à une assemblée, que le prince de Czarloryski avait fait des avances pour le rapprochement, si on voulait s'entendre sur la Pologne, et qu'il le tenait de Durant.
L’ami y était ; il en rit et dit : C'est fort bien, on n’a rien à voir ni à reprendre à ce que dit M. de Montrond. Voilà ce que l'ami a vu, et c’est d’après cela que je pense que les propos qu’il se permet à cet égard, il veut leur donner de la publicité. Il méprise Vienne comme du fumier et n’aime pas la Prusse, qu'il voudrait taquiner, mais il aime très fort Lucchesini qui l'en empêche et qui a vraiment de l’ascendant sur lui parce qu'il a eu l'art de s'emparer de tous ses entours, surtout de sa femme, et qu’il regarde comme tout dévoué à la France, ce qui est vrai. Il a eu un moment d'inquiétude lors de la venue de Knobelsdorff, mais cela n’a pas duré, car Talleyrand l’a tout d’abord rassuré, et il y avait de quoi, ledit homme étant de la dernière médiocrité, il a été exactement traité ici, comme je vous l'ai dit dans mes précédentes.
Le crédit de l'électeur d'Aschaffenbourg près Talleyrand est devenu assez réel au moment de son départ, et il s'est aussi ancré près de Bonaparie par suite de communications assez amicales que cet homme très délié a eues avec eux, dont le résultat a élé de leur persuader que son intérêt est