Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

418 APPENDICE.

Il en résulte qu’il aime de passion à intriguer, à ourdir des complots, des conjurations loin de lui, et qu’il est dans toutes les frayeurs possibles qu'on en fasse auprès de lui. Dès que la posilion devient dangereuse, il est perdu, incapable de conseil, et voilà ce que Bonaparte a vu, a dit, a reproché, ce qui à failli le perdre, et, dit Durant, ce qui, tôt ou tard, le perdra.

Mais intriguer dehors ne compromet pas sa vie et charme singulièrement son goût. Bonaparte a de ce côté le même goût pour les complots au dehors. De à vient qu'il n'ya pas un ambassadeur de confiance qui n’ait une instruction secrèle de savoir s’il y a des mécontents, ce qu'ils veulent, ce qu'ils offrent, ce qu'on pourrait en faire, et à tous, l'ordre de les cultiver; cela est si fort que hier, oui, hier, l'ami a déchiffré une lettre de notre ministre en Espagne sur les intelligences de Talleyrand, au nom de Bonaparte, avec des mécontents, à Madrid, en Catalogne, dans la Biscaye. Assurément, cela ne coûte pas cher, mais aussi il n'y a pas la plus légère velléité de faire en ce moment une révolte dans ce pays, et certainement on l’étoufferait, s’il y en avait. Mais Durant a le goût décidé de ces sortes de projets, et Bonaparte, rempli de ces choses, de pensées cachées, de plans sur l'avenir et de défiance, trouve très bon toutes ces intelligences de Talleyrand, quoique les dépenses du tout réunies pour 1804 aient monté à près de 150,000 livres. Vous noterez que ces dépenses n'ont aucun rapport à ce que l’on appelle le service extraordinaire du département qui sont allouées par décision expresse et qui, pour 1804, jusqu’au 22 septembre à dater du 27 décembre 1802, ont monté à 4 millions 800,000 francs, en espèces réelles, outre 247,000 francs pour frais de change, transports et négocialions à l’étranger, et hier a été signé que celles arrêtées et allouées depuis le 22 décembre 1804 au 22 décembre 1805 seraient portées à 9 millions, non compris les négociations et frais de change.

Parmi les souverains, Durant ne lui a jamais connu d'affec-