Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

LE MÉMOIRE SUR LES ÉTATS GÉNÉRAUX (1788). 47

avec vos lois fondamentales? Où sont-elles? Citez-les donc ces lois dont tout le monde parle et que personne ne connait ! Vous vous avilissez jusqu’à louer notre constitution, comme s’il pouvait en exister quand celui qui doit la conserver commande à cent mille nobles prêts à cimenter de leur sang le trône des tyrans (1)! »

Dès 1781, il avait risqué une première €t timide manifestation de ses sentiments; il avait pris place, comme écrivain, parmi Ceux qui préparaient la Révolution en critiquant les abus de la monarchie. Necker venait de quitter le contrôle général avec les apparences de la disgrâce, entouré d'une popularité bruyante et presque factieuse. D'Antraigues alla le voir dans sa retraite près de Montpellier, et, sans se nommer, lui consacra, en réponse à je ne sais quel libelle, une brochure apologétique. Cet ouvrage parut assez bien fait et fut assez répandu pour que le premier ministre Maurepas en ordonnt la saisie et la mise au pilon. L'auteur obtint ainsi à peu de frais les félicitations du ministre déchu et la réputation d'un publiciste suspect au pouvoir, par conséquent populaire (2):

Pendant les années suivantes, nous le voyons devenir, avec une parfaite désinvolture, un grand partisan de Calonne, en même temps qu'un des familiers de la coterie Polignac (3). Calonne tombé, il salua avec espoir

(4) Les citations qui précèdent sont extraites du manuscrit des Voyages en Orient, et de pages ajoutées par l’auteur lors de la revision de son ouvrage en 1785.

(2) D'Antraigues (à Mme Saint-Huberty), 21 février 1782 We Mme Necker à d'Antraigues, 28 mars 1827 (dans Saxseury, ke Napoleon Museum, P. 146).

(3) « IL commença à se faire connaître par des brochures pour M. Necker et continua, sous M. de Calonne, par d'autres bro-