Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

LA CHAMBRE DE LA NOBLESSE (1788-1789). 59

nécessaires, celles que le député devra solliciter et voter à tout prix. Elle comprend la destruction et la refonte des Etats du Languedoc et du Vivaraiïs, la liberté réglée de la presse, la responsabilité des ministres, l'abolition des lettres de cachet, la suppression des privilèges judiciaires et même provinciaux si elle est universelle, le concours des États au vote des subsides, des emprunts et des lois en général, et enfin l'adhésion de la noblesse au principe de l'égalité devant l'impôt. La seconde mentionne les réformes désirables, sous forme d'instructions que le député devra méditer, interpréter, appliquer au gré des circonstances. Dans cette dernière catégorie figurent diverses mesures secondaires, de l’ordre financier, judiciaire, militaire ou administratif, et favorables tant à l'ordre de la noblesse qu'à la province du Vivarais. Le cahier (et ici surtout on reconnait la marque du rédacteur principal) se défie des États généraux; il réclame la cessation des pouvoirs des députés au bout d'une année, et proteste avec la dernière énergie contre l'établissement possible d'une commission intermédiaire de l'assemblée.

D'’Antraigues avait évité avec intention de s'expliquer catégoriquement sur la question du vote par tête, et sur l'abolition de certains droits féodaux; d'autre part, il fit ressortir la principale réforme consentie par son ordre, l'égalité devant l'impôt : cette renonciation lui paraissait nécessaire pour prévenir toute attaque ultérieure aux privilèges politiques de la noblesse. Le 28 mars il alla, à la tête de ses collègues, donner acte à ses compatriotes du tiers de cette renonciation. Le 2 avril, l'avocat Espic, venant à son tour le haranguer, lui disait : « Depuis plusieurs années, votre vie n’a été qu'un tissu de travaux précieux et d'actes utiles ; la nation vous doit