Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

LA CHAMBRE DE LA NOBLESSE (1788-1789). 61

11 arriva à Versailles le 26 avril. Se sachant exclu du palais, il demanda à ne point assister à la présentation des députés. IL lui fut répondu verbalement qu'il n'y avait plus de préventions contre lui, mais il lui fallait davantage, une preuve authentique de sa rentrée en grâce, et il l'obtint quelques semaines après lorsque, ayant refusé de pénétrer dans le château, où ses fonctons de commissaire de la noblesse l'appelaient, il recut enfin une lettre écrite de la part de la reine, qui lui assurait l'oubli de ses déclamations téméraires et invoquait pour l'avenir ses services.

L'unique pensée du nouveau député, en prenant lanque avec ses collègues, était pour la destruction de l'administration du Languedoc. Il se souvenait que le gouvernement, voulant consoler les États de cette province de n’avoir pas désigné les députés aux États généraux, leur avait promis d'appeler à Versailles, pendant la tenue de l’Assemblée, une députation tirée de leur sein. Dès le 10 mai, quatre jours après la séance royale, il réunit chez lui, sans distinction d'ordres, soixantedix-huit députés de sa province, et dans un discours très applaudi posa la question en ces termes : « A qui demander la destruction de cette assemblée illégale ? Au roi ou aux États généraux? » La majorité adopta ce dernier parti. Dans une seconde réunion, le surlendemain, une défense des États du Languedoc rédigée par leur président-né, l'archevêque de Narbonne, fut mise en discussion, et d’Antraigues se fit nommer un des huit commissaires chargés de la réplique.

Ce débat d'intérêt local ne devait pas même être introduit, car un autre bien plus grave venait de surgir, qui tenait à la constitution des États généraux. La vérification des pouvoirs serait-elle faite par chacun des trois ordres

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