Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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Gentz doit‘ d’avoir fait si nettement la distinction dont nous avons parlé entre le droit et la sagesse politique, qui lui a permis de concilier d’une façon assez heureuse l'idéal de sa jeunesse et les nécessités du présent.

Aux relations personnelles de Gentz s'ajoute un autre élément important pour l’évolution de ses idées politiques : ses lectures. Nous n’avons pas la prétention ici de faire la liste, qui serait trop longue, des ouvrages qu'il a lus et où ila pu trouver une pensée ou une idée intéressante. Si nous songeons à ses travaux de fonctionnaire, qui ne lui laissaient guère de loisirs, à ses relations mondaines et à ses occupations de toutes sortes, nous Sommes frappés de son extraordinaire puissance de lecture. {l était au courant à peu près de tout ce qui se publiaiten France, en Allemagne et en Angleterre, sur la Révolution française. Parmi tant de panégyriques ou de pamphlets médiocres, certaines œuvres seulement ont pu faire une impression profonde sur lui et agir efficacement sur ses idées politiques. La première qui vienne à l'esprit est le pamphlet de Burke, par la traduction duquel il débuta dans le

1. Naturellement, toujours d’une façon indirecte, car il est bien certain que les entretiens de Gentz et de Humboldt ne roulaient guère sur la politique. Mais Humboldt a donné à Gentz

encore plus de précision dans la pensée, et c’est par là que son influence a pu se faire sentir.