Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

— 10 —

longtemps pour le pays le plus libre de l'Europe, vers laquelle au XVIII" siècle tous les écrivains avides de réforme avaient tourné les yeux. Ce n’était pas une créature du gouvernement anglais, de l’Angleterre haineuse et jalouse de la France; il parlait en homme qui connaissait et appréciait les Français, qui avait vécu parmi eux et qui ne leur souhaitait que du bien. Ainsi, pas de prévention religieuse, pas de parti-pris national dans aucun sens; c'est sous ces couleurs que se présentait le livre de Burke. Et ce sont peut-être ces considérations qui, aux yeux de Gentz, eurent le plus de poids. Car si nous examinons l'ouvrage lui-même, assez touffu, mal composé, nous n’aurons que {rop d'occasions de constater combien les idées et les sympathies de Gentz semblaient éloignées de cet empirisme un peu terre à terre qui caractérise Burke. Nous avons déjà signalé plusieurs points sur lesquels des divergences existent entre Gentz et Burke. La culture philosophique à laquelle Gentz continue d'attacher une grande valeur faisait entièrement défaut au poléimiste anglais; c’est sur un ton de reproche un peu étonné que, dans une de ses notes, Gentz est obligé d'apprendre à Burke à distinguer les concepts abs-

nous avons dit du protestantisme de Gentz, dont l'esprit était alors encore tout à fait prévenu contre le catholicisme.