Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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traits de droit, de morale et de sagesse politique‘. Certes, Gentz a dû se faire violence bien des fois pour accepter les principes de ce livre. Cependant, il attache à l'opinion du polémiste anglais une très grande valeur, parle de lui avec le plus grand respect: c’est que Burke représente pour lui l’expé. rience des grandes affaires politiques, qui manquait encore en partie au jeune fonctionnaire berlinois. Si nous examinons quelle fut l'influence des idées elles-mêmes de Burke sur celles de Gentz, nous ne trouvons guère chez le parlementaire anglais que l'idée d'évolution et celle de tradition, que Gentz d’ailleurs ne fera jamais entièrement siennes. La conception de l’équilibre prendra chez Gentz une toute autre importance que chez Burke. Quant au mysticisme religieux qu'on rencontre parfois chez Burke, il restera toujours complètement étranger à Gentz. Et cependant Gentz admire Burke et il se rencontre avec lui pour juger la Révolution française. Il a éprouvé, il est vrai, le besoin d'ajouter cinq petits traités à sa traduction, non seulement pour défendre Burke contre certaines attaques, mais encore et surtout pour exprimer à sa façon, à l'aide d'idées claires et de concepts bien définis, ce

1. Ausgeawähite Schriften. Ed. Weick. I, note des p. 117118-119 .