Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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tutions, en un mot un effort de précision dans le: style et dans la pensée qui donne à cet ouvrage lPaspect d’un travail scientifique, alors que les Réfleæions de Burke restent un brillant pamphlet.

Si nous entrons dans le détail, il est frappant de voir jusqu'à quel point l'influence des idées de Necker s’est exercée sur Gentz'. L'idée maîtresse du livre, c’est-à-dire l’importance du pouvoir exécutif, formera le point de départ de l’article que Gentz écrira en 1795 dans la Neue Deutsche Monatsschrift sur la comparaison des différents systèmes constitutionnels qui partent des principes de la séparation des pouvoirs?. De même, quand Necker se demande si la révision de la constitution doit être tolérée et dans quelle mesure, il distingue le vœu perpétuel et le vœu général de la nation, ce qui nous rappelle la volonté réfléchie et la volonté pas-

1. Nous n'avons pas à rechercher ici si les idées exprimées par Necker sont originales et lui appartiennent en propre. Les idées d’un homme politique, dans une période aussi troublée et. aussi féconde en discours et en brochures, en réunions et en controverses, que celle qui s'élend de 1789 à 1791, sont forcément influencées plus ou moins par le milieu ambiant. Il nous suffit de montrer que ces idées ont pénétré chez Gentz sous la forme que leur avait donnée Necker, et que pendant plusieurs années, bien que passées dans l'arsenal de Gentz, elles portent encore l'empreinte de Necker.

2. Neue deutsche Monatsschrift. Tome III. Octobre 1795. Darstellung und Vergleichung einiger politischen Konstitutionsysteme, welche von dem Grundsatze der Teilung der Macht ausgehen.