Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

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cela, on a toujours remis à plus tard l'établissement du pouvoir exécutif, alors qu’on avait déjà voté la constitution et de nombreuses lois génératrices : finalement on a oublié ce point essentiel. Il ne suffit pas de décréter que le pouvoir exécutif sera entre les mains du roi, il aurait fallu en définir dès le début la portée et les limites. Après cette critique de l’œuvre de l’Assemblée constituante, Necker se demande comment elle aurait pu agir. Il n’y avait selon lui qu’un seul moyen: prendre modèle sur VAngleterre. Et à ce propos, il compare la constitution anglaise et la constitution française, et il entre jusque dans les moindres détails‘. Dans un second volume. ïl fait le même travail à propos de la constitution américaine ?. Ses conclusions sont analogues. Non seulement en Angleterre, mais aussi dans la nouvelle république des Etats-Unis, on s’est plus inquiété d'assurer la force et le prestige du pouvoir exécutif que dans le royaume de France. Bien des choses dans l’œuvre de Necker étaient faites pour plaire à Gentz. D’abord l’ordonnance extérieure en chapitres bien construits, par opposition à la confusion chaotique presque voulue du livre de Burke. Ensuite le souci de définir les prin<ipaux concepts de la politique, les différentes insti-

1. Necker. Du pouvoir exécutif. Tome I, 1790. Ch. IV à XX. 2. Ibid. Tome IT, 1791. Ch. I à V.