Un diplomate d'il y a cent ans : Frédéric de Gentz (1764-1832)

nm il —

forma le monde, je ne déserterai point ton autel et je dédaignerai pour te rester fidèle et la haine des uns et l’ingratitude des autres et les injustices de tous ‘. »

D'une façon générale, nous croyons qu’il y a beaucoup plus d'affinité entre l'esprit du Gentz de 1791 et celui d’un Necker tel qu'il se manifeste dans ce livre, qu'entre l'esprit de Gentz et celui de Burke à la même époque*. Nous ne voulons pas par là nier l'influence de Burke, qui augmentera peut-être dans la suite à mesure que la passion antirévolutionnaire de Gentz fera des progrès, nous voulons simplement

1. Necker. Du pouvoir exécutif. Tome LI, 1791. On pourrait dire que celte emphase faisait déjà sur Gentz, qui en était quelque peu revenu, une impression désagréable. Mais il ne faut pas oublier que ce style emphatique a été celui du jeune Gentz pendant des années, et que nous recherchons maintenant ce qui dans l'œuvre de Necker a pu attirer Gentz non pas après, mais avant et pendant sa conversion antirévolutionnaire.

2, On peut encore, il est vrai, nous faire celte objection : Mais, s’il en est ainsi, pourquoi Gentz a-f-il traduit Burke et non pas Necker ? A cela nous répondrons que :

1e Necker prenant pour base de sa comparaison la constitution française de 1791 renversée par le 10 août, son livre n'était plus guère d'actualité à la fin de 1792. De quel poids cette considération a pu être pour Gentz, nous le comprendrons, si nous nous souvenons que c’est justement pour cette raison qu'il a remanié toute la dernière partie du pamphlet de. Burke luimême. (Cf. Ausgewählte Schriften. Ed. Weick. I, note de la page 288 et de la page 289.)

2 Le langage de Burke, plus coloré et plus vivant, et même jusqu'à un cerlain point son mépris de la composition extérieure, donnaient à son livre une force et une valeur polémiques que n'avait pas celui de Necker.